Désert iranien du 26 mars au 6 avril

Reprise du vélo dans le désert iranien entre Yadz et Kashmar

26 mars : Téhéran-Yadz (train de nuit)

Nouvelle journée de transition à Téhéran. Nous sommes accueillis comme des rois chez Robab et Sagah, un couple iranien parlant très bien français. Ils ont vécu 6 ans à Strasbourg où Sagah y a fait ses études de droit.

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Couchage à l’iranienne sur des matelas, en rang d’oignons dans le salon

Défaire son sac de la semaine de ski passée, laver son linge, faire le tri entre la garde-robe d’hiver et celle d’été… voyager léger nécessite une certaine logistique. Nous profitons des copains pour nous acheminer des affaires et en retourner certaines !

Dans l’après-midi, nous retrouvons Lysiane et Seb ainsi qu’un autre couple de voyageurs à vélo : Audrey et Julien. Ils voyagent en tandem. Comme nous, ils parcourent les ambassades de Téhéran. Les anecdotes autour du voyage, des astuces, conseils et péripéties vont bon train.

La journée passe vite. Nous rentrons chez Robab pour charger nos bagages sur les vélos. Pas le temps de flâner. C’est le moment de remonter en selle après 3 semaines d’arrêt. Nouvelle traversée de Téhéran à vélo, by night ! La lumière avant de Denis ne fonctionne plus …

C’est la fête à la gare. Nous sommes accueillis comme des stars : ballons et photos … ça sent les fêtes de fin d’année !
Le chargement des vélos dans le train ne pose aucun problème et les compartiments des trains couchettes restent toujours un plaisir !

27 mars : jour de repos à Yadz

Le train n’est pas aussi lent que nous l’aurions souhaité. Il est 5h du matin lorsque nous arrivons en gare de Yadz. Alors que nous pédalons aux aurores, nous apprécions la fraicheur et le calme envoûtant de la ville endormie. Nous rejoignons Lysiane et Sébastien à l’hôtel où on nous offre le petit-déjeuner en guise de bienvenue.

Journée de visite en mode touriste : mosquée, musée … Le vieux centre de Yadz est composé de maisons traditionnelles en pisé, véritable dédale de ruelles étroites où toute l’architecture appelle à la fraicheur : petites fenêtres, patio. En constatant la température monter autour des 40°C, nous comprenons aisément pourquoi les habitants se cachent du soleil !

Yadz est aussi connu pour être la ville des « zoroastriens », ancienne civilisation établie bien avant les perses. En fin d’après-midi, emmenés par un local, nous visitons la « tour du silence », monument destinés au culte mortuaire des zoroastriens. Malgré quelques montagnes rocailleuses, la ville est bordée d’un désert à perte de vue.

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Yadz

Dernière soirée à 4, ou plutôt 3,5 car Denis n’a pas trop l’air dans son assiette. La chaleur l’a complètement assommé.

28 mars : Yadz-Kharanaq, 84 km, 755 D+

Nous quittons nos copains à l’aube. La parenthèse franc-comtoise est terminée, il faut reprendre les « vêêlos ».

Dès la sortie de la ville, le désert se déroule devant nous. Entre montagnes et terres arides, le paysage est magnifique. Nous sommes enchanté par ce dépaysement qui ne ressemble en rien à tous les autres paysages que nous avons pu contempler en Iran.DSCN0086.JPG

A 9h30, il fait déjà plus de 30°C. Pour cette première journée de bicyclette, nous devons nous réhabituer à rouler et à suer mais l’air est tellement sec que nous séchons directement. Les arbres sont devenus des êtres rares et précieux dans ces contrées … A 11h30, sous un soleil de plomb, nous trouvons finalement de l’ombre sous un pont. Une pause s’impose, nous reprendrons la route en fin d’après-midi quand le mercure sera redescendu.DSCN0102

Les caravanes d’antan sont désormais remplacées par des voitures ou camions mais les caravansérails demeurent tels des joyaux au milieu du désert. Le village de Kharanaq où nous nous arrêtons ce soir est l’un d’eux. Petit village en bordure d’une montage où l’oasis coule à flot et verdit les champs. Nous bivouaquons dans le parc, face au caravansérail et au vieu village de pisé.DSCN0135.JPG

29 mars : Kharanaq-Saghan, 70 km, 550 D+

Afin d’éviter les grosses chaleurs, nous démarrons tôt. Nous donnons nos premiers coups de pédales à 7h30 afin d’arriver à notre point de chute à midi. Le paysage est toujours aussi grandiose, encore différent de celui de la veille. Les kilomètres s’enchainent sans grandes difficultés.

Ici, l’immensité appelle à la spiritualité. Dans une république islamique, la mosquée est un véritable lieu de RDV. Comme bon nombre d’iraniens sur la route, nous y trouvons de l’eau et de l’ombre, de quoi en faire un lieu idéal pour un pique-nique et une sieste.

DSCN0150.JPGEn fin d’après-midi, le gardien du Mausolée nous propose de nous installer dans une chambre d’ordinaire dédiée aux pèlerins. En pèlerins voyageurs, nous acceptons volontiers.

30 mars : Saghan-Mosquée du Desert, 104 km, 640 D+

Comme la veille nous partons à l’aube. La soixantaine de km qui nous séparent de la ville voisine se font rapidement sur un profil descendant, de sorte que nous y sommes déjà à 11h. L’heure semble bien matinale pour déjà nous arrêter. Nous rechargeons nos besaces en eau et en vivre, de quoi survivre à 2 jours d’autonomie dans le désert iranien. Denis emporte avec lui pas moins de 16 litres d’eau … En faisant nos courses, un commerçant parlant anglais nous informe qu’il y a une mosquée le long de la route à une trentaine de kilomètres.

Malgré la chaleur suffocante, nous continuons notre route jusqu’à la Mosquée du Desert, probablement érigée en mémoire d’un crash aérien de la flotte américaine en 1977, à une époque où iraniens et américains s’entendaient encore. L’endroit est une véritable carte postale du désert: sable, dunes, dromadaires sauvages … Quelques kilomètres avant d’arriver, le vent (de face bien sûr) s’est levé. Une tempête de sable intermittente s’abat sur la route. Nous mangeons la poussière !DSCN0208

A l’abri de la mosquée, nous nous installons pour la pause méridienne. Il fait chaud, plus de 40°c et la température ne semble pas vouloir redescendre. A 16h, il fait encore plus de 35°c. La police , qui nous rend visite quotidiennement depuis Yadz, nous conseille de rester là pour cette nuit. Le lieu est sûr, il y a de l’eau et nous sommes à l’abri du vent dans un secteur qui connaît des bourrasques tumultueux.

31 avril : Mosquée-Tabas, 124 km, 490 D+

L’étape qui nous attend est sans doute l’étape de tous les records. Levés à 5h pour rouler un maximum avant 12h, nous partons à l’aube. Il fait frais, le trafic est calme. Nous apprécions d’autant plus cette tranquillité car nous ne savons que cela ne va pas durer. DSCN0211Dans cette partie du désert iranien, le relief n’est jamais bien méchant. Une petite bosse de 400 m de dénivelé nous permet de profiter d’un faux-plat descendant pendant près de 40 km. A 25 km de l’arrivée, alors que nous venons de passer la barre des 100 km, le vent de face se lève sur une grande ligne droite. Le moment n’est pas très agréable à vivre mais nous n’avons pas vraiment le choix. Plus les heures passent, plus il fait chaud … nous aimerions arriver à Tabas avant de sécher sur place comme des morues (parce que le colin séché n’a pas l’air d’être fameux).

Finalement, nous atterrissons dans un parc du centre-ville de Tabas, conseillé la veille par un policier. Bonne pioche, le parc est un vrai jardin oriental des milles et une nuits où l’ombre des palmiers règne en maitre. En plus d’être un vrai paradis sur terre, l’endroit est une institution familiale bondée en pleine période de fêtes. A peine arrivée, une famille nous offre à manger. L’hospitalité perse n’a décidément pas d’égal …

A l’abri des regards, nous posons la tente à la nuit tombante un peu à l’écart. Heureux comme des pachas, aux frais, nous avons tout ce dont nous avons besoin à disposition. Le parc reste animé jusque tard dans la nuit ce qui ne nous empêche pas de sombrer dans les bras de Morphée en un instant.

1er avril : jour de repos à Tabas

Nous plions la tente aujourd’hui pour aller dormir chez l’habitant ce soir. Notre hôte du jour s’appelle Kazem et il est professeur d’anglais. Nous le retrouvons en fin d’après-midi pour ce que nous pensions être une visite de la ville.

 

En réalité, la visite de la ville s’est transformé en innombrables aller-retours dans la ville pour transporter les membres de sa famille : fille, père, mère … Un vrai sketch ! Enfin, on a fait le tour de la ville !

2 avril : Tabas-Esqh Abad, 114 km, 600 D+

Nous quittons progressivement le désert pour remonter plus au nord en direction de Mashhad. La montagne est encore bien aride mais ici ou là, quelques petites touffes d’herbes apparaissent et les villages, signes d’oasis sont plus nombreux le long de la route.

DSCN5949.JPGA mi-chemin, nous traversons un village doté d’un poste de police. Nous n’échappons pas au traditionnel contrôle de passeport, prétexte des policiers pour aiguiser leur curiosité autour de touristes à vélo, somme toute peu ordinaire dans cette partie du pays. Si nous perdons un peu de temps, nous reprenons la route le ventre plein de biscuits et les gourdes remplies d’eau. Il y a pire comme contrôle de police !

Le long du parcours jusqu’à Esqh Abad, les villages sont quasiment tous d’anciens villages traditionnels construits en pisé et doté de vestiges de la perse ancienne : caravansérail, maison de maitre, jardin à l’ancienne.

En tout début d’après-midi, nous attérissons à Esqh Abad, ville morte à l’heure de la sieste. Nous plantons la tente dans un parc de la ville.

3 avril : Esqh Abad- Tappeh Taq, 75 km, 575 D+

Nous commençons un peu à nous lasser du désert. Bien que les paysages ne soient jamais identiques, ils se ressemblent tout de même. Alors après 5 jours, nous manquons de variété. De grandes lignes droites dans le désert sans âme qui vive pendant plusieurs dizaines de kilomètres…

 

En arrivant à Tappeh Taq, nous nous installons près de la mosquée, souvent seul point d’eau du village. Nous y passons l’après-midi avant d’être invités à dormir au poste de secours.
L’ambiance du centre de secours iranien ressemble étrangement à celle du Haut-Doubs : l’activité n’y est pas intense mais le soir venu, les civils s’y invitent pour boire le thé et passer une bonne soirée.

 

4 avril : Tappeh Taq-Anabad, 72 km, 280 D+

Dans cette partie de l’Iran et à cette période de l’année, le vent devient notre ennemi. Le profil des étapes est plutôt facile mais le vent de face s’acharne à nous compliquer la vie. Avant d’arriver à Anabad, ville étape pour ce soir, les 20 derniers kilomètres sont terribles ! Si seulement on pouvait avoir le vent dans le dos …

La petite ville d’Anabad est bien entretenue et la parc à l’entrée de la ville nous y tend les bras. A peine arrivée, Claire joue les infirmières avec un petit garçon qui s’est ouvert le menton. En fin d’après-midi, le gardien du parc vient nous trouver. Il parle assez bien anglais. Un peu plus tard dans la soirée, il reviendra avec sa famille et son professeur d’anglais. Au téléphone, nous conversons même avec le maire de la ville qui parle français. Il habite à 60 km de là, dans la ville de Kashmar où il nous invite dès le lendemain. Bonne soirée cordiale où nous nous sommes sentis accueillis avec bienveillance sans être oppressés par ce sacro-saint devoir d’hospitalité !

 

5 avril : Anabad-Kashmar, 35 km (+30), 405 D+

Avant même de prendre la route, nous savions que l’étape allait être ventée. La tente bougeait déjà au rythme du vent. Tel des forçats, nous pédalons donc contre le vent, entre 10 et 15 km/h, au lieu des 20 à 25 km/h en temps normal.

Claire espère secrètement qu’un pick up viendra à sa rescousse… Finalement, la sauveur s’avère être Monsieur le Maire, Abulsraf, qui faute de pouvoir nous joindre sur le téléphone, à cause d’une carte SIM défaillante, est venue à notre rencontre.. Après 35 km au compteur, mais au moins 350 ressentis, nous montons donc dans la voiture de Monsieur le Maire, bercé au son de Céline Dion pendant que nos vélos étaient pris en charge par un routier, concitoyen d’Anabad.

Epuisés par cette étape, nous passons notre après-midi à dormir. En fin de journée, le maire d’une autre ville vient rendre visite à son semblable pour un petit concert improvisé violon/piano. Nous sommes reçus comme des rois.

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6 avril : Jour de repos à Kashmar

Jour de repos sans grasse matinée puisque nous nous levons à 7h pour aller randonnée dans une petite vallée fleurie à une vingtaine de kilomètres.
Comme à Hastrud, sortie conviviale entre amis avec déjeuner au feu de bois. Dans l’après-midi, de retour en voiture, nous faisons une halte à Kashmar village pour visiter une tour zoroastrienne qui servait de mausolée.

Encore une bonne journée passée en nature, sans les vélos à découvrir les petits coins reculés de l’Iran. Les iraniens aiment passer du temps en famille ou entre amis dehors autour d’un feu de camp à partager un plat ensemble. Nous apprécions cette douceur de vivre loin des tumultes de la ville.

 

 

 

 

3 réflexions sur “Désert iranien du 26 mars au 6 avril

  1. Cat88 dit :

    Ah le calme retrouvé, quel plaisir de vous voir paisibles ! Ça peut donner un immense débat, mais il faudra qu’on m’explique comment on peut se lasser du désert 🙂

    J’aime

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