En attendant, notre visa russe, nous avons décidé d’enfourcher nos vélos pour découvrir le nord de Pékin pendant 5 jours.
16 juin : Pekin-Zhan Yuan Cun, 77 km, 665 m D+
Nous quittons Pekin sur des axes encombrés mais en tant que cyclistes, la voie est libre. Nous ne mettons pas longtemps à sortir de la ville, à peine 20 km pour retrouver les champs de maïs ! La matinée jusqu’au lac se fait sur une piste cyclable sans relief. Nous sommes encore dans une zone périurbaine mais tout est fait pour donner des airs de campagne champêtre. Les rives du lacs sont aménagées et des panneaux touristiques font leur apparition. Nous nous arrêtons même dans une aire de pique-nique aménagée le long de la route, rapidement rejoints par deux petits vieux en mal d’ombre.
Dans l’après-midi, nous poursuivons sur des routes plus pentues le long d’une rivière. Pour les chinois, c’est un week-end prolongé alors c’est l’affluence. Tous les pékinois sont venus se mettre au vert dans les montagnes du nord. Les hôtels bordent la route, le camping n’a pas l’air d’inspirer grand monde et c’est tant mieux pour nous ! C’est dans la descente d’un col, à l’abri des regards et des châtaigniers que nous plantons la tente. Il fait chaud et humide, les moustiques se régalent. L’averse vient à point nommé. Nous nous endormons, bercés par le bruit des chants mélodieux du karaoké, situé au 500 m plus haut.
17 juin : Zhan Yuan Cun-Qian An Ling, 57 km, 550 m D+
Rien de mieux qu’une petite descente pour s’échauffer. La fraicheur peaufine notre réveil matin, nous en avons presque la chair de poule mais les températures grimpent vite. Déjà 30°C à 10h ! L’air est chaud et humide et nous suons à grosses gouttes. On comprend mieux aussi d’où vient cette végétation luxuriante sur les collines environnantes. La rivière nous offre à midi de quoi nous laver et nous rafraichir. Nous n’en demandons pas plus.
Nous continuons notre route sur les petites routes de campagne au macadam irréprochable. Le goudron est lisse et comme neuf.
La vallée que nous longeons en bord de rivière fait le bonheur des familles. Les enfants s’amusent à patauger dans l’eau munis d’épuisettes à la recherche de têtards pendant que les plus anciens pêchent paisiblement. Encore une fois, les rives sont bien aménagées et cette fois nous ne sommes pas les seuls campeurs. Nous plantons la tente, un peu à l’écart le long de la rivière. Ce soir, c’est karaoké + feux d’artifices !
18 juin : Qian An Ling-Sihaizen, 65 km, 580 m D+
En Chine, pas moyen d’acheter de l’essence à la pompe si tu n’as pas de véhicule. Les employés des stations services doivent rentrer l’immatriculation du véhicule avant de servir le client. Du coup, nous n’avons pas pu recharger notre réchaud à essence … il en reste encore un peu mais pas sûr de pouvoir cuisiner encore longtemps !
La vallée le long de la rivière s’ouvre un peu donnant sur un paysage moins encaissé. Les montagnes verdoyantes ne nous quittent pas depuis le début. Elles sont toujours là sans être exactement similaires…
En fin de matinée, une route barrée nous oblige à prendre un itinéraire bis qui raccourci un peu le parcours. Ce n’est pas grave. Nous roulons sans pression, sans réel but à atteindre, juste le plaisir de découvrir une région et de pédaler, parce que, quand même, on aime faire du vélo !

Petite aire de pique-nique aménagée
Le soir venu, et malgré la pluie qui a humidifié l’atmosphère, Denis tente un feu de bois pour la cuisine du soir. Nous sommes dans un parc, en bord de rivière et à peine cachés par quelques arbres qui se battent en duel. Nous craignons toujours d’être délogés. Les expériences de Kachgar nous ont rendu quelques peu méfiants. Finalement, et malgrès la visite de quelques locaux, le bivouac semble autorisé. Un groupe de pêcheurs apporte même du bois sec à Denis.
19 juin : Sihaizen-Changping, 78 km, 705 m D+
La route du jour est vallonée. Ça monte, et ça descend, jamais bien longtemps mais ce n’est jamais plat. Ce n’est pas pour nous déplaire, les petits cols nous offrent de beaux points de vue sur la vallée des fleurs. Les paysans sont de sortie; à la mode chinoise, c’est-à-dire, à 10 par champ. Ils travaillent tous ensemble et quasiment tous à la main. Ici où là, les fleurs violettes typiques de la région bordent la route.
Au détour d’un virage, au dessus d’un énième petit col, nous posons les vélos pour une petite balade à pied sur la Grande Muraille de Chine. Cette portion a été partiellement restaurée. Elle est accessible par un petit chemin de randonnée depuis la route. L’endroit est superbe, sauvage et offre une vue imprenable sur le relief. La Grande Muraille se perd au loin sur la montagne. Instant magique !
La dernière ascension avant la plaine de Pekin nous mène à la rencontre d’un groupe de cyclistes pékinois. S’ensuit un bon moment de fraternité cycliste avec pose photo au sommet du col ! Le reste de l’étape n’est plus que descente jusqu’au réservoir proche du tombeau des Ming.
Nous peinons à trouver un coin de bivouac. Le lac (qui a accueilli l’épreuve de triathlon des JO de 2008) est bordé de grillage. Impossible de camper à proximité. Lorsque nous trouvons finalement un endroit, la chaleur sous la tente s’avère étouffante. Les moustiques s’en donnent à coeur joie. Denis plante le hamac pour avoir plus d’air mais se retrouve en lutte avec son drap de soie et finit le cul par terre ! Il finit par revenir dans la tente, en nage et couvert de boutons de moustiques à 2h du matin. Nuit reposante !
20 juin : Changping-Pekin, 59 km, 75 m D+
Cette fois, nous retrouvons la ville. La banlieue de Pékin est au pied du bivouac. Nous traversons les faubourgs de la capitale. La chaleur est étouffante ! Encore plus de 37°C ! Nous trouvons un peu de fraicheur dans le parc du Palais d’Eté, sorte de Hameau de Marie-Antoinette. L’Impératrice aimait y passer du temps pour se mettre au vert. Le parc est immense et un grand lac couvre sa superficie. Les pédalos et autres petits bateaux font le plaisir des touristes. Nous nous allongeons à l’ombre d’un arbre pour un somme salvateur. La chaleur a raison de nous. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut faire la sieste dans un parc impérial !
Le soir, nous retrouvons un jeune couple qui nous héberge. Echanges en anglais sur la vie pékinoise. Les moeurs changent. Les jeunes chinois vivent de plus en plus à l’occidentale. Bien que les vacances ne soit pas forcément dans leur culture, ils savourent leur temps libre, si précieux. Chouette rencontre !
21 juin : Pekin intra-muros, 38km, 20 m D+
Dix ans après les Jeux Olympiques de Pekin, le site reste propre et en bon état. La piscine olympique sert aux locaux et le stade en forme de nid d’oiseaux a su garder toute sa splendeur ! La tour de la flamme olympique est immense. Lors de ces jeux, la Chine avait fait les choses en grand, comme un symbole de la puissance des chinois dans le monde.
A midi, nous retrouvons Jimmy et Louise, 2 autres cyclistes français partis eux aussi de France à vélo. Ils ont pris un autre itinéraire en Chine. Comme nous, ils sont à Pekin pour demander leur visa russe. Ils rentrent également en train mais sans passer par la Mongolie, en prenant la branche du transmanchourien entre Pekin et Irkoutsk.
Comme prévu, nous récupérons notre visa russe dans l’après-midi. Nous sommes aussi heureux que si nous avions eu notre bac. C’est quand même dingue la joie que procure un bout de papier qu’on paie cher en plus ! Mais c’est le 8ème et dernier du voyage alors…
Après 6 jours d’itinérant au nord de Pekin, nous retrouvons l’appartement de la famille Vassé comme une 2e maison. C’est la fête de la musique et c’est aussi la fête des CE1 du lycée français de Pekin. Nous assistons, comme des parents, au spectacle de fin d’année de Hanyu. La représentation est trilingue : français, chinois et anglais ! Le corbeau et le renard récité en anglais par des gamins franco chinois, ça claque (os) !

Lycée français de Pékinijl
22 juin : Pekin, 23 km, 75 m D+
Comme à chaque fois que nous prenons le train en Chine, il faut amener nos vélos la veille. Cette fois, c’est le grand départ. Nous partons demain matin aux aurores pour la Mongolie ! Nous sommes pris en charge très vite et sans souci. A Pekin, le personnel parle anglais. Après 500 km de déplacement urbain à vélo, nous testons le métro et le bus pour rentrer.
Pas le temps de trainer, aujourd’hui, nous avons un planning de ministres. Le maitre de Hanyu nous attend cette après-midi à l’école pour présenter notre voyage. Nous avons 45 minutes, c’est un peu court mais ça ira. Les élèves sembles intéressés. A chaque fois, c’est un réel plaisir de présenter notre périple.
Tels des animateurs de colo, nous récupérons les enfants à l’école pour les ramener à la maison. Zhewei, 3 ans et demi, est à l’âge des caprices mais comme « ferme et dure est Claire » ça ne marche pas, alors forcément on est : « Méchant ! » ou « Caca » ! Intérieurement, cela nous fait bien rire mais nous prenons notre rôle d’éducateurs très à coeur. Cela laisse aussi un peu de temps libre aux parents, une façon bien dérisoire de les remercier pour leur hospitalité.

Les hommes de la maison
Dernière soirée à Pekin autour d’un bon repas que « Laoye » (le grand père) prépare comme à l’habitude. Après plus de 10 jours à se régaler de ses bons petits plats, on n’ose pas remonter sur la balance ! Dernière dégustation d’alcool chinois dont on ne se souvient même plus du nom !
Dernière nuit à Pékin, courte, demain c’est le grand départ pour Oulan-Bator !
23 juin : Dans le transmongolien, entre Pekin et Oulan-Bator
Lorsque le réveil sonne a 4h45, les yeux sont encore collés. C’est quand même tôt ! La douche finit de nous réveiller. Les affaires sont prêtes. Les sacs sont remplis de nourriture.
Léon, a proposé de nous emmener, et à vrai dire, cela nous arrange bien. Nous arrivons à la gare bien en avance. Nous sommes prêts, impatients même. Nous arrivons progressivement au but de notre voyage.
A 7h25 précise, c’est parti pour 31h dans le transmongolien. Le wagon est presque vide et nous sommes seuls dans notre compartiment.

Dernier canard laqué
Les paysages défilent au rythme du train, nous donnant l’inspiration pour écrire le blog ou juste le temps de lire. Après seulement quelques heures, nous entrons dans la région de la Mongolie intérieure, située en Chine. C’est déjà un peu le désert de Gobi. Le vent souffle tellement fort par moment que nous assistons à une tempête de sable, bien-heureux de n’être que spectateur à bord du train. Les impressions auraient été tout autres à vélo.

Tempête de sable
A 20h30, on atteint le ville d’Erlian, dernière commune avant la frontière. 5h d’arrêt. Le contrôle des bagages et des papiers se fait à l’intérieur du train.
Notre visa expire à minuit (et nous franchissons la frontière à 1h du matin)… mais nous récupérons nos passeports sans problème. Pendant ce temps, le train part au garage. Il faut changer les bogies du train car la largeur des voies est différente d’un pays à l’autre. Le spectacle est extra-ordinaire au sens littéral du terme. Nous restons collés à la vitre, admiratifs de ce spectacle, pendant la manoeuvre. Au total, 2h auront été nécessaires pour nous remettre sur les rails mongols ! En avant pour un nouveau pays !

Les wagons se soulèves et les bogies passent sous le train
Hallucinant le changement de bogie pour passer d’un système ferroviaire a un autre. Ca doit être impressionnant de grimper sur la grande Muraille de Chine. Bonne continuation. Bo voyage.
J’aimeAimé par 1 personne
De quoi provoquer un chipouilli / chipouilla : j’ai lu récemment que les moustiques s’attaquent au moins agressif. Denis, tu es trop gentil !
J’aimeJ’aime
Non, pas derisoire, formidable. Tant pour nous que pour les enfants. Merci d’avoir fait halte ici!
J’aimeJ’aime