Nous pédalons à 2, puis à 5 entre l’Autriche, l’Allemagne et la Suisse.
3 août : Walchsee (A) – Bad Tölz (D), 80 km, 1252 m D+
Notre dernier réveil autrichien nous laissera un goût amer. Nous avons planté notre tente sur une aire de baignade semi-aménagée et la gérante qui nous accueille ce matin nous réclame 26€ pour avoir passé la nuit sur son terrain. Nous ne l’entendons pas vraiment de cette oreille, aucune pancarte ne stipule que le camping est interdit ni le tarif exorbitant ! Nous partons en payant les 8€ de parking comme indiqué … avec la menace d’avoir la police aux trousses ! On a résisté à la police chinoise, la police autrichienne ne va pas nous impressionner !
En entrant en Allemagne après 10 km, nous sommes plutôt soulagés de franchir la frontière ! La police ne nous a pas retrouvé et l’espace Schengen offre une libre circulation appréciable pour les fugitifs à bicyclettes !
L’accueil allemand nous semble d’un coup plus chaleureux. En s’arrêtant au supermarché du village, quelques petits mots sont échangés avec la population locale, impressionnée par notre chargement !

Cette fois, pas de doute, quel que soit le côté de la frontière, nous sommes bel et bien dans les Alpes et ça grimpe ! 700 m de dénivelé sont au programme de ce joli col alpin ! C’était tellement simple pour nous qu’on a pris les pistes VTT pour redescendre !
Pour nous remettre de nos émotions, une petite baignade au lac est la bienvenue. Les kilomètres de faux plat descendant qui nous séparent de la fin de l’étape défilent. Les vallées Alpines peuvent aussi être plates !
En arrivant à Bad Tölz, des travaux forment un léger embouteillage que nous franchissons tranquillement. C’est aussi l’occasion pour une bavaroise d’essayer de faire marcher l’assurance en nous accusant d’avoir rayé sa voiture ! Comme nous n’obtempérons pas, elle décide la police et c’est le moment que nous choisissons pour prendre la fuite ! Promis, c’est pas nous ! Deux délits de fuite dans deux pays différents en une journée ! Il faut que nous rentrions en Europe pour être embêtés par des matérialistes ! On va finir par repartir en voyage …
Dans la soirée, les parents Rousseau nous rejoignent au camping le temps d’un week-end. Cette fois, ils ont pris tente et matelas. Dormir dans la voiture n’a visiblement pas été très concluant.
4 août : Bad Tölz – Garmish-Partenkirschen, 65 km, 767 m D+
Aujourd’hui, c’est presque les vacances, nous pédalons en version léger, c’est-à-dire, sans sacoches puisqu’elles ont été mises dans la voiture du PDG de Mont d’Or services (le père de Claire).
Nous démarrons l’étape du jour par des pistes cyclables assez plates en fond de vallées le long des champs et des roseaux d’un cours d’eau mais cela nous paraît tellement facile que nous poursuivons sur une piste VTT ! Le GPS nous a encore fait une farce ! A vrai dire, ce n’est pas vraiment déplaisant et le paysage entre les deux lacs est plutôt joli.
Nous arrivons un peu avant midi au point de RDV du pique-nique avec les parents Rousseau. La petite table est installée à l’ombre, en bord du lac. Ah ! Le confort et la logistique ont du bon ! Comme à notre habitude, nous piquons une tête avant de déguster les petits plats de Maman Rousseau. La sieste fait elle aussi partie du programme et Papa Rousseau ne rechigne pas à tester (et à approuver) le hamac !
Alors que la voiture familiale nous devance pour aller réserver le camping, nous finissons l’étape jusqu’à Garmish-Partenkirschen, ville olympique et station de sports d’hiver célèbre pour être au pied du Zugspitze, le sommet allemand à près de 3000 mètres !
En arrivant, la mauvaise nouvelle tombe, pas de place au camping c’est archi-complet ! Nous finissons sur une aire de camping-car version grand luxe, dans un coin d’herbe, à l’ombre et au calme ! Des toilettes, des douches et même une machine à laver sont à disposition, que demander de plus ?
5 août : jour de repos à Garmish-Partenkirschen
Chez les Colin, le jour de repos est synonyme de grasse matinée, au moins jusqu’à 9 h ! Nous prenons le temps de nous reposer, de lire, laver du linge …
Pendant que Denis met à jour les parcours des prochaines étapes, Claire et ses parents descendent en ville. Garmish est une ville de Bavière plutôt touristique et chic mais pas « bling-bling ». Le charme de la Bavière réside aussi dans son art de vivre. Les habitants y sont plutôt chaleureux et tout invite à boire une bière ! Dans la rue, nous croisons régulièrement des hommes en tenue traditionnelle, les femmes portent, quant à elles, des tenues plus contemporaines.
Garmish est le lieu de RDV qui sonne déjà la fin du voyage, à deux en touts cas.
A midi, Véronique et Clément, la soeur et le beau-frère de Denis, en vacances dans la région nous rejoignent.
Alors que les parents Rousseau rentrent dans le Haut-Doubs dans l’après-midi, le soir, nous accueillons avec plaisir un volée de cyclo-touristes vosgiens. Alexis, Karim et François (papa Colin), arrivent en train avec leurs vélos pour finir le voyage avec nous !
6 août : Garmish-Partenkirschen – Fussen, 62 km, 614 m D+
Nous quittons Véronique et Clément, partis à l’assaut des montagnes ! Le confort de leur trafic aménagé nous apparait comme un luxe ! On en a bien profité !
Cette fois, nous roulons à 5 ! Alors que François et Karim ont choisi l’option sacoche, Alexis reste fidèle à sa remorque. Seulement trois kilomètres après notre départ, à la sortie de Garmisch, le câble de dérailleur de Denis lâche, la tête fait un peu de résistance dans la manette mais 1h après, Denis est de nouveau en selle ! On aurait presque eu le temps de boire une bière !
La joyeuse bande continue donc son aventure, de l’Allemagne, à l’Autriche pour rejoindre un petit lac (encore) à midi. Nouvelle pause déjeuner-baignade qui fait du bien sous cette chaleur caniculaire !
Nous passons toute notre journée de vélo en Autriche avant de rejoindre de nouveau l’Allemagne et le château de Neuschwanstein (Belle au Bois Dormant). Notre arrivée tranquille par la piste cyclable contraste avec la horde de touristes et les parkings bondés. 
Nous fuyons le tourisme de masse pour fêter la fin de la 1ere étape à 5 avec une pression (ou deux on ne sait plus) en terrasse !
A quelques kilomètres de la ville, une petite cabane au bord d’un lac nous attend pour le bivouac, idéal pour manger des weisswurtz (saucisses blanches) au feu de bois juste avant l’averse.
7 août : Fussen (D) – Doren (A), 82 km, 965 m D+
Le chemin longeant le lac n’était pas vraiment un bonne pioche à vélo. Il nous aura fallu pousser le vélo pendant environ 500 m sur un chemin piéton accidenté de roches … On avait pourtant prévenu les copains, voyager avec les Colin n’est pas de tout repos !
Heureusement, une fois la Colinade terminée, nous retrouvons les agréables pistes cyclables de Bavière. Tout nous semble tout de suite plus facile ! Le parcours est valloné, le paysage est plus vert et plus rural aussi !
En fin de matinée, nous fêtons les 13 000 km ! Dernier millier de kilomètres ! Cette fois, il ne devrait pas y en avoir d’autres … La Mirabelle passe toujours aussi bien, surtout avec 4 vosgiens en présence !
La pause midi et la baignade au lac nous vaut une expérience unique, encore jamais vécu pendant le voyage : se baigner nu. Sans le savoir, nous avons atterri dans un coin naturiste. Voyager, c’est aussi vivre à la mode locale !
(désolés, pas de photo disponible)
En fin d’étape, nous repassons en Autriche pour dormir. Après une étape assez longue, la dernière bosse nous donne soif ! Tandis que les premiers sont déjà installés en terrasse au village pour se réhydrater, Karim recharge de l’eau chez une vieille dame qui nous propose de dormir dans son jardin ! Les autrichiens peuvent donc aussi être accueillants !
8 août : Doren (A) – Güttingen (CH), 77 km, 410 m D+
En plus d’un carré d’herbe du jardin, la fille de la propriétaire nous propose ce matin, tomates, poires et … framboise ou abricotine ! A 9h00, commencer sa journée au schnaps est un peu dur mais personne ne refuse (bizarrement).
Cela nous donne un petit coup de fouet pour la descente jusqu’au lac de Constance. Karim profite d’être encore en Autriche pour faire réparer son téléphone, tombé la veille. Pendant la réparation, nous décidons d’aller tous ensemble boire une bière en bord de lac (il fait très chaud).
Alors que les Colin installent le pique-nique sur la plage, Karim et Alexis retournent chercher le téléphone, en ville. Ils reviennent, 2h plus tard, après 20 km parcourus … les gaillards se sont perdus dans la ville qu’on pourrait appeler une « Kalexinade ».
Nous repartons donc du pique-nique assez tard mais tous ensemble ! La frontière, située 10 km plus loin nous ramène à la fin du voyage ! Après avoir traversé tant de pays, nous voici de nouveau en Suisse ! Alors, nous profitons d’être sur notre vélo, tranquillement, le long du lac.
Les rives suisses du lac sont plutôt urbanisées et il nous semble difficile de trouver un bivouac mais les prix exorbitants des campings nous effraient ! Finalement, nous finirons l’étape dans le pré d’une guinguette de village.
9 août : Güttingen – Schaffhausen, 71 km, 434 m D+
Petite étape tranquille sur la piste cyclable du lac de Constance. On ne compte plus le nombre de vélos électriques ! On a du louper un épisode ou alors on a 10 ans de retard mais ici, rares sont les vrais cyclistes (sans batterie) !
Notre moteur à nous c’est la bière et comme il fait chaud, tout est prétexte à s’arrêter faire une pause.
Après Constance, seule ville allemande sur cette rive, le lac se rétrécit progressivement, laissant place au Rhin. Nous changeons de rive… Entre l’Allemagne et la Suisse, on ne sait plus très bien dans quel pays on pédale !
Demain, c’est jour de repos, alors nous atterrissons au camping de Schaffouse (Schaffhausen), en Suisse. Alexis nous quitte pour rejoindre Belfort en train le temps de 24h et comme un fait exprès, le ciel, triste de son départ a fait pleuvoir les nuages une bonne partie de la nuit.
10 août : Jour de repos à Schaffhausen
Jour de repos classique. Le soleil est revenu. Nous en avons profiter pour buller, lire, écrire et laver du linge.
En soirée, Denis a sorti le ukulélé, ce qui n’a pas manqué de nous faire remarquer. La soirée commencée à 4, a finit à 7 en compagnie d’une chanteuse, d’un guitariste et d’un spectateur. Tous, simplement heureux d’être là et de profiter d’un moment de convivialité ensemble.
A 22h, nous décollons pour aller chercher l’ami Alexis à la gare. C’est un week-end festif à Schaffhouse et les petites rues piétonnes du centre-ville sont animées. Nous buvons naturellement la bière des retrouvailles et Papa Colin n’est pas le dernier à trinquer !
11 août : Schaffhausen (CH) – Schulsee (D), 63 km, 1263 m D+
Après Schaffhouse by night, nous retournons au centre-ville de jour. Le vieux centre piétonnier est vraiment sympa. Les petites rues étroites invitent à flâner mais le centre-ville est surtout célèbre pour son architecture et ses oriels, sorte de balcon-serre. Rassurez-vous, on ne savait pas que ça s’appelait comme ça avant …
Schaffhouse est aussi célèbre pour les chutes du Rhin, très impressionnantes !
Nous quittons la ville et la Suisse en fin de matinée pour rejoindre la Forêt Noire, en Allemagne. Les dénivelés ne sont plus du tout les mêmes qu’autour du lac !
Progressivement, le paysage change. Nous nous enfonçons dans les forêts de sapins vallonnées. La chaleur étouffante nous pousse à boire une bière et ici tout est fait pour cela. Même les jardins des auberges se transforment en « Biergarten » et ce n’est pas pour déplaire à Alexis toujours à l’affut des « typisch biergarten ».
En fin de journée, la baignade dans le lac de Schulsee fait du bien. Nous retrouvons Véronique et Clément pour un pique-nique et bivouac en bord de lac. Les grosses chaleurs caniculaires semblent derrière nous. Dès la tombée du soleil, c’est pantalon, pull et chaussettes !
12 août : Schulsee (D) – Muttenz (CH), 80 km, 912 m D+
L’accueil en forêt noire n’est pas toujours aux goûts des locaux. Pour avoir stationné avec leur traffic aménagé sur leur parking, les gérants du club de kayak demandent 15 € à Véro et Clément. Ca sort d’où ? On n’en sait rien … mais pour être tranquille, on paie quand même ! Les Allemands ne sont pas tous des rigolos ! Ca tombe bien puisqu’aujourd’hui nous retournons en Suisse. Cette fois, il est temps de commencer à rentrer en direction des montagnes du Jura.
Le début de l’étape se fait encore en Forêt Noire, paradis des cyclistes et des motards ! Les routes sont vallonnées mais les cols ne sont jamais bien longs. Pas plus de 4 ou 5 km par col ! Nous apprécions la fraicheur des sapins car en journée, ça cogne sérieusement !
En début d’après-midi, nous retrouvons le Rhin que nous longerons jusqu’à la banlieue de Bâle. Nous retrouvons l’Eurovéloroute 6 et sa horde de cyclistes. En route, nous croisons 2 français de St-Claude. Cette fois, nous nous rapprochons sérieusement de Pontarlier. Il faut arrêter de dire que nous habitons dans le Doubs, département malheureusement méconnu du grand public !
L’arrivée dans un joli petit village sonne comme un appel à la terrasse. Nous avons chaud et soif. La première bière (de 50 cl) est bu comme une limonade, il nous faut donc en commander une 2e pour apprécier le malt et le houblon ! Cela suffit a nous rendre bien joyeux pour finir l’étape, dans un champ fauché en haut du village. En faisant son petit tour, François, à l’oeil agricole aiguisé, en profite pour ramasser les pommes de terre laissées dans le champ. Bivouac gratuit et repas assuré !