Tadjikistan (fin) … du 14 au 25 mai

Suite et fin des aventures cyclo-touristes au Pamir

14 mai : Khorog-Sist, 45 km, 690 m D+

Nous repartons de Khorog en fin de matinée sous un temps maussade qui ne tarde pas à se transformer en pluie battante et le vent de face n’arrange pas vraiment les choses … bienvenue en montagne ! Quand il pleut à 2000 m d’altitude, la température chute violemment alors les jambes se couvrent et nous faisons moins les malins ! Une maison en construction nous sert d’abri pour une pause déjeuner au sec, le temps de laisser passer l’averse.DSCN7345

Après maintes hésitations, nous avons choisi l’itinéraire sud, le plus sauvage mais le plus long aussi. Nous longeons toujours la rivière Panj, face à l’Afghanistan à quelques centaines de mètres. Le paysage est globalement le même que les jours précédents mais les villages sont plus nombreux. Nous ne comptons plus le nombre de « Hello what’s your name ? » des villageois, petits et grands !

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La journée se termine, après à peine 45 km, mais qui sont bien suffisants pour Denis encore faible. Le pré des vaches et des chèvres nous sert de terrain de bivouac. Claire se fait embaucher par la fermière et hérite d’une chèvre … entre copines, elles se comprennent !
Le ciel dégagé nous offre une vue magnifique sur les étoiles, de quoi faire de beaux rêves!

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15 mai : Sist-Dashti, 73 km, 890 m D+

Nous nous levons avec 2 supporters. Les enfants des fermiers de la maison d’à côté sont venus nous observer. La tente intrigue. Les « hello » fusent depuis 5h30 du matin. Les Tadjiks sont matinaux. Dès l’aube, nous entendons bergers et bétails s’agiter dans les pâturages; ce qui ne nous empêche pas de rester au chaud dans nos duvets jusqu’à 7h.

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Nos 2 supporters

La journée se passe sans encombre sur une route parfois goudronnée mais la piste reste en bon état ce qui nous permet d’avancer à bon rythme. A 16h, nous arrivons dans la petite ville d’Ishkoshim, qui fait frontière avec l’Afghanistan. Denis semble avoir retrouvé la forme pour boire une bière … mais l’alcool en altitude fait des ravages ! Après 50 cl de breuvage, les idées semblent légèrement floues et il tombe en sortant du café !DSCN7369.JPG

A l’abri du vent, nous plantons finalement la tente, juste avant la pluie, 10 km plus loin, dans le jardin d’un local qui nous voyait chercher un coin. L’hospitalité tadjike est toujours bienveillante mais jamais étouffante (cela contraste avec l’Iran).

16 mai : Dashti-Zumudg, 61 km, 930 D+

Journée de rencontres sur les petites routes, enfin, petites pistes du Pamir. La route goudronnée devient un souvenir et nous savons cette fois que le bitume ne réapparaitra pas de si tôt. Après seulement quelques kilomètres, nous croisons une française rencontrée à Khorog. Elle doit rejoindre Langar en taxi mais la fiabilité des taxis locaux nous font souvent préférer notre bicyclette. Le pneu avant du sien a éclaté, ils attendent un dépanneur … Peu de temps après, nous nous arrêtons pour visiter une ancienne forteresse aujourd’hui gardée par des militaires qui contrôlent la frontière. Le point de vue sur l’Afghanistan est superbe !

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Vue sur l’Afghanistan

Peu à peu, la vallée s’élargit rendant le paysage encore plus majestueux.

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A midi, une clairière au bord d’un cours d’eau nous offre de quoi faire un brin de toilette. L’eau chaude est un luxe que nous ne connaissons pas mais après avoir pédalé dans les chemins poussiéreux, peu importe la température !DSCN7422

De manière générale, l’eau n’est pas vraiment un problème au Tadjikistan. Les rivières et les lacs d’altitude sont nombreux, approvisionnant tout le pays ainsi que les voisins d’Asie centrale. En revanche, l’hygiène n’est pas vraiment dans la culture. Les toilettes consistent en une vieille cabane au fond du jardin et les salles de bain dans les maisons sont inexistantes. L’éducation en matière d’hygiène corporelle reste encore à faire.

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Le soir venu, nous posons la tente sur une belle pelouse verte, avec la bénédiction du paysan qui y met ses bêtes en pâture. L’endroit ne pourrait être mieux !

 

 

 

17 mai : Zumudg-Langar, 47 km, 475 D+

Comme à chaque fois que nous nous arrêtons sur une aire de repos des troupeaux, le réveil est matinal. 5h du matin cette fois … Bien que le chant mélodieux fasse un bon réveil, c’est quand même un peu tôt pour nous.

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Les montagnes enneigées dominent la vallée du Panj. Le paysage est somptueux mais la route commence vraiment à être pourrie. La piste caillouteuse ressemble à de la tôle ondulée et donne à la route des airs de « tape-cul », quand elle n’est pas ensevelie sous le sable ! Le rythme ralentit. Nous roulons à seulement 10 km/h comme de vrais cyclo-touristes !

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Par moment, la piste est complètement ensevelie sous le sable

Avec l’altitude, la température baisse et le vent ne nous laisse pas vraiment de répit. La pause déjeuner se fait désormais en mode express : on s’arrête, on sort les sacs, on mange et on repart. Il fait trop moche pour la sieste !

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En fin de journée, nous arrivons à Langar, dernier village avant 150 km de no man’s land. Nous nous arrêtons dans une maison d’hôtes. Nous sommes heureux de poser les corps et les vélos.

18 mai : Jour de repos à Langar

Sans doute avons-nous été piqués par la mouche Tsé-Tsé. Nous passons une bonne partie de la journée à dormir et notre tête ne semble jamais avoir été aussi lourde ! Pourtant, nous ne sommes qu’à 2800 m d’altitude, qu’en sera-t-il à 4000 m ?

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Langar

Nous prenons tout de même notre courage à deux mains pour sortir de notre tanière. Une petite balade dans l’après-midi nous amène à découvrir des « petroglyphs », peintures sur les rochers plus ou moins anciennes.

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Petroglyphs

A la maison d’hôtes, nous avons le plaisir de rencontrer Isabelle et Richard, deux suisses du Valais partis à l’assaut des montagnes Tadjikes accompagnés d’un âne bien chargé et d’une guide. Il ne verront surement pas grand chose, la météo du jour est plutôt couverte.

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Richard et le petit âne bien chargé

19 mai : Langar- Povorot, 40 km, 1050 m D+

Nous quittons Langar certainement par le chemin le plus dur de notre parcours. 12 km de piste caillouteuse avec environ 10% de moyenne. Si la pente n’est pas très raide, l’ascension est rendue difficile par la mauvaise route, nous forçant à mettre pied à terre et à pousser le vélo sur quelques portions. Notre moyenne de vitesse chute littéralement à 5-6 km/h. C’est vous dire si on avance pas !

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Pour couronner le tout, au moment de la pause déjeuner, à peine avons-nous sorti le casse-croûte que la neige se met à tomber nous forçant à tout remballer…

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Heureusement, le paysage reste magnifique. Avec l’altitude, il devient de plus en plus sauvage. Nous ne croisons que bergers et troupeaux. Les villages sont des ruines qui abritent des cabanes de bergers. L’Afghanistan est toujours en face de nous mais depuis Langar, la rivière qui fait frontière est plus petite et s’appelle « Pamir » comme la montagne.DSCN7554.JPG

Dans l’après midi, nous arrivons sur un plateau. Le relief est plus plat. Nous avançons mieux et il devient plus facile de trouver un endroit plat pour le bivouac. Nuit à 3500 m, face aux brebis afghanes (sans voile) … un peu plus près des étoiles !DSCN7526

20 mai : Povorot-? (avant Alichur), 69 km, 1100 m D+

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Départ matinal (enfin 8h) pour une étape longue et difficile. Le matin, la route de plateau nous amène jusqu’au check-point de Karkugh, caserne militaire qui regroupe soldats tadjiks, afghans et chinois … c’est surréliste, ce baraquement au milieu de nulle part !DSCN7579.JPG

En route, nous sommes doublés par le couple valaisan, en route pour Alichur. Nous apercevons aussi une caravane de dromadaires côté afghans. Nous avançons à peine plus vite qu’eux …fullsizeoutput_1c5a.jpeg

Dans l’après-midi, l’objectif du jour se précise. Col à 4300 m ! C’est la première fois que nous montons aussi haut en vélo. Les jambes tiennent bien le coup mais l’altitude se fait sentir sur la respiration, surtout chez Claire. A partir de 4000 m, nous nous arrêtons tous les 50 m de dénivelé pour admirer le paysage et reprendre un peu notre souffle. Néanmoins, le col se monte sans grande difficulté. Le dénivelé est régulier. Les lacs de montagnes embellissent l’ascension, alimentant en eau les troupeaux. Hormis quelques moutons, il n’y a pas âme qui vive !

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Finalement, le col se situerait davantage à 4200 m qu’à 4300 selon le GPS de Denis !

La descente est glaciale mais encore une fois grandiose ! Nous remontons des couches et ouvrons grand les yeux ! 25 km de descente sur piste « tape-culs » avant de retrouver la route goudronnée !DSCN7639.JPG

21 mai : avant Alichur-après Alichur, 59 km, 505 m D+

Quel bonheur de rouler sur une route goudronnée ! Ça avance tout seul ! La Pamir Highway que nous empruntons est une route de plateau au milieu de l’immensité des montagnes ! Encore une fois, nous nous sentons tout petits dans ce paysage sauvage et majestueux. Ici ou là, quelques camions empruntent la route mais nous sommes loin d’être importunés par la circulation.DSCN7654.JPG

Après seulement 20 km, nous nous arrêtons dans le village d’Alichur pour prendre de l’eau et déjeuner au chaud. La maitresse de maison nous prépare des pommes de terres à l’huile, de vraies roestis façon tadjik, c’est un délice ! Nous en profitons pour discuter un peu en anglais avec elle.

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Alichur

Dans ce petit village de montagne, nous apprenons que l’hiver est permis les plus rudes au monde : -57°C l’hiver dernier. Mouthe et La Brévine font donc office de petits joueurs ! Pour autant, l’hiver est sec. Ils ne connaissent presque pas la neige.DSCN7703.JPG
Nous commençons à apercevoir des « yourtes » et des yacks. Ici, 70% des habitants sont kirkhizes. Héritage des découpages de frontières incohérents établis durant l’ère soviétique…

Lorsque nous reprenons la route, après presque 2 h de pause, au chaud, le vent nous glace les joues. Dur, dur … mais la route est plate. DSCN7689.JPGNous roulons encore 2h avant de planter la tente, en bord de route, à l’abri du vent. C’est l’occasion pour Denis, de gravir les montagnes à la recherche du coucher de soleil !DSCN7748.JPG

22 mai : après Alichur-Murghab, 70 km, 430 m D+

Petit col à 4100 m pour se mettre en jambe. DSCN7773.JPGComme deux jours auparavant, pas de difficulté particulière. Notre organisme s’est visiblement habitué à l’altitude car nous ne sommes même plus essoufflés. La seul contrainte du jour est le froid ressenti mais habillés comme des esquimaux, rien ne nous fait peur !

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doudoune, surpantalon et surchaussure

Le reste de l’étape n’est que descente. A midi, nous nous installons à l’abri du vent pour un pique-nique dans les ruines d’un casernement soviétique …
Au moment de repartir, nous faisons la connaissance de deux cyclos hollandais. Nous finissons l’étape avec eux et nous les retrouvons pour diner ensemble. Belle rencontre improvisée !

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Avec les hollandais, en arrivant sur Murghab

En arrivant sur Murghab, le paysage change encore. Grande steppe verte peuplée de moutons. Murghab est en fait un gros village, essentiellement khirkize. L’heure locale est calée sur l’heure de Bishkek, capitale Kirkhize.DSCN7789

23 mai : jour de repos à Murghab

Nous découvrons la ville de Murghab, visiblement ravitaillée par les corbeaux.

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Au premier plan, un cycliste kirkhiz avec son chapeau traditionnel (blanc haut de forme)

Le bazar consiste en un alignement de containers, les maisons se chauffent à la bouse de vache ou de yack, l’électricité est alimentée par un générateur qui tourne de de 19h à 23h … mais la salle de bain de la chambre d’hôte est un vrai luxe. « banyo » à la russe : eau chaude dans une citerne et louche … comme dans un hammam !DSCN7817.JPG

Nous retrouvons les hollandais pour déjeuner dans un café de la ville. Très bonne adresse ! Et en revenant à la maison d’hôte, quel plaisir de revoir le couple de Sion, rencontré quelques jours plus tôt à Langar ! DSCN7827Nous passons le reste de la journée à palabrer géopolitique de l’Asie centrale et d’ailleurs …

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Ibrahim, le patron de la guesthouse et sa petite fille

24 mai : Murghab-Terminal routier du Kulma pass, 72 km, 350 m D+

Nous reprenons la route en direction du Kulma pass. La route est goudronnée pendant une vingtaine de kilomètres avant de redevenir une piste. Peu après notre départ, Denis perd un gant en route … Comme au jeu de l’oie, il recule de 2 cases ou plutôt 2 km pour le retrouver !DSCN7833.JPG

Dans l’après-midi, nous quittons momentanément la piste pour aller chercher de l’eau dans la rivière. Nous passons dans un ancien camp d’entrainement militaire encore parsemé de barbelés et de verre. Cela nous vaut une crevaison de Denis … et une petite chute !DSCN7848.JPG

En fin de journée, nous retrouvons la route et nous arrêtons quelques kilomètres plus loin, dans le terminal routier du Kulma pass. Ambiance de camionneurs assurée ! Ça manœuvre une bonne partie de la nuit !DSCN7858

25 mai : Terminal routier-Khe ma Za (CHN), 47 km, 915 m D+

Derniers coups de pédales au Tadjikistan avant de passer en Chine. DSCN7867Nous commençons par un check-point militaire, 25 km avant le col, qui annonce le no man’s land entre les deux pays. Le paysage est désertique et sauvage mais les marmottes jaunes sont en nombre telles de fidèles supportrices !DSCN7699

Seulement deux camions nous doublent dans l’ascension qui se fait sans encombre. A 11h45, nous franchissons la frontière Tadjike, au Kulma pass à 4365 m ! Le plus haut col du voyage ! Un douanier nous annonce que nous sommes les premiers touristes de la saison à franchir le kulma dans ce sens ! DSCN7895
Côté chinois, nous savons déjà que ce ne sera pas la même … il est midi, la frontière est fermée pour la pause déjeuner. Nous en profitons pour pique-niquer aussi.

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Frontière chinoise

A l’ouverture de la frontière chinoise, nous sommes pris en charge rapidement, contrôle des bagages, Scan du smartphone, scanner corporel … on a évité de justesse le toucher rectal ! Mais les choses se compliquent à la descente, impossible de descendre la bande frontière à vélo. Les douaniers nous font charger les vélos dans un camion et descendre dans un autre. Nous ferons donc les 14 km de descente véhiculés ! En bas, il faut attendre le deuxième camion et passer à l’immigration pour faire tamponner nos passeports. Les douaniers ne parlent pas anglais et nous pas chinois… Ils ne comprennent pas que Claire ait deux noms de famille (nom de jeune fille et nom d’épouse). Nous ressortons finalement du service d’immigration 1h après … 2h de passage de douane au total !

Il est déjà 16h lorsque nous reprenons nos vélos et nous avions prévu de camper autour d’un lac, 30 km plus loin.

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Vue sur les sommets à plus de 7000 m !

Après un deuxième col à 4100 m d’altitude, nous commençons à redescendre à l’abri des glaciers chinois qui culminent à plus de 7500 m mais il est déjà 17h30 passé, nous décidons naïvement de planter la tente dans la steppe chinois, au bord de route, à l’abri de maisons (tombes?).

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1er bivouac chinois

A peine 1h plus tard, 2 militaires chinois débarquent, nous ne pouvons pas rester là … mais nous sommes trop fatigués pour déménager à cette heure-ci. Un policier anglophone vient à notre rencontre quelques temps après. Il est 20h, nous sommes en train de manger. Il tient les mêmes propos, photographie nos passeports mais nous faisons la tortue. Le bivouac est interdit en Chine mais il n’y a pas d’hôtel dans le secteur.

Nous nous endormons finalement sans savoir si nous allons être délogés dans la nuit ! Bienvenue en Chine !

8 réflexions sur “Tadjikistan (fin) … du 14 au 25 mai

  1. isabelle dit :

    Alors que vous vous rapprochiez de la Chine, nous affrontions, nos traces croisant celles du loup, un dernier col. Vertigineux et, cette fois, avec le soleil et sans âne !

    Un retour abrupt à la civilisation et à son confort. Que l’aventure pour vous se poursuive, belle, malgré les moments de fatigue et les tracas de l’administration du pays du Milieu.

    Isabelle

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  2. Pierre Jacquot dit :

    Bonjour Denis et Claire, l’aventure en Chine commence ! On est toujours là pour lire régulièrement vos exploits. C’est un détail, mais sur Travelmap, la carte n’est plus à jour depuis Khorog le 11 mai. Vous devez certainement être au courant ? A bientôt. Pierre.

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    • Claire Colin dit :

      Merci Pierre ! En fait on sait… nous avons récupéré internet en Chine qui censure Google et comme le fond de carte de travelmap est google map, on arrive tout simplement pas à accéder au site et notre VPN ne fonctionne pas en Chine ! Nous arrivons ce soir à Xi’an avec le train

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  3. Richard dit :

    Une nouvelle ascension du Ventoux 1909 m seulement, rien à voir avec vos bosses à vous , et après, une bonne séance de Colinade pour se regaler avant la nuit.
    Svp, arrêtez vos chinoiseries, mais racontez nous quand même la suite.
    Bises et merci pour la carte.
    Renée et Fran6

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